mardi 1 novembre 2016

Silver-Power, ou le(s) jour(s) où j'ai assumé mon super pouvoir. #50nuancesdegris #cheveuxblancsmêmepaspeur

J'ai les cheveux blancs/gris depuis euh... loooongtemps. C'est ce que ma sister, qui elle a une chevelure de guedin, appelle "le pack Juju", Juju étant le surnom de mon père : cheveux blancs + yeux bleus, tu prends le tout ou tu laisses tomber. Bon. Pendant longtemps, je me suis contentée de colorer les cheveux blancs de plus en plus nombreux, et de profiter de mes yeux bleus.
Garder les cheveux au naturel ? Alors là, j'assumais pas du tout ! A 16 ans, je n'avais pas la force de caractère pour garder mes fils blancs dans les cheveux. En plus, ça n'était pas uniforme : quand ils sont devenus plus nombreux, mes cheveux blancs ont décidé de tous se regrouper sur les tempes, tandis que quelques asociaux mettaient le dawa sur le dessus et la nuque. Ra-vis-sant, pour le peu que mes racines m'aient laissé en juger... 

Bref, j'ai commencé tôt, très tôt les colorations. Des plus chimiques kakaburk aux tentatives de colo "maison" à base de produits bizarres, j'ai tout essayé. Je me suis quand même calmée pendant mes grossesses, parce que bon, j'allais pas refiler trop de saletés aux monstroplantes à venir, quand même. Mais dès que j'ai pu, vlan, c'était reparti pour l'arc-en-ciel sur ma tête.
A part le blond -jaune, je crois que j'ai tout essayé, du blond vénitien au noir corbeau en passant par le rouge rubis et le chocolat-caramel (les noms de coloration sont assez lolifiants, c'est apparemment trop facile de mettre "châtain clair" "roux" ou "marron" quoi...).
Et puis j'ai eu ma prise/crise de conscience écolo. Et là, faut avouer, continuer à me colorer les cheveux avec toutes ces saletés alors que je ne jurais que par les cosmétiques maison, c'était pas très cohérent...
Je suis passée aux colorations végétales et naturelles. Hennés, indigo, brou de noix et garance en poudre : je jouais au petit chimiste jusqu'à la pointe des cheveux ! Mais c'était long, très long... Et les résultats étaient assez aléatoires, pour ne pas dire hasardeux !  
Bref, mes cheveux, ma Némésis... 

Et puis un jour, en quête de solution pour ma tignasse qui me désespère, je tombe au hasard de mes pérégrinations sur le grand méchant internet sur cette vidéo sur Sophie Fontanelle : 


Elle y est en pleine étape bicolore avant repassage aux cheveux blancs. Bon, je n'aime pas tout dans ce qu'elle raconte, et je la trouve d'ailleurs aussi énervante que touchante à essayer de s'auto-convaincre qu'elle est vraiment merveilleuse et épatante et hors-norme... Mais elle dit quelque chose qui fait tilt dans ma p'tite tête pas encore blanche : "Tu vas arrêter de trouver que les gens qui ont des cheveux blancs sont beaux (...) et ne pas t'autoriser ça" (à 02'16''). 
"C'était comme une beauté que je ne m'autorisais pas" dit-elle, et ça me parle !
Electrochoc, et prise de décision illico : je vais revenir à mes cheveux blancs.
OK, mais comment ? 
Je me renseigne sur des tas de blog de cheveux (y'en a même avec des "journaux de pousse" sans déconner ? :p ). Les deux principaux : Les cheveux de Mini et 50 nuances de gris



Dans le premier, je trouve même un article sur "comment revenir à sa couleur de cheveux naturelle ?" ah ben chouette !!!
Sauf que les propositions ne correspondent pas à mes besoins. Voici ce que Mini conseille :
1 - recolorer avec une couleur proche de sa couleur naturelle. 
> "Cela ne marche que si votre couleur actuelle est plus claire que votre teinte naturelle. (Sinon, il faut décolorer)" Bon, ben décolorer alors que je veux avant tout éviter les produits burk, c'est pas trop compatible. Et de toute façon, une coloration grise ne ressemble pas du tout à un vrai gris naturel, donc la démarcation va se voir, je laisse tomber...
2 - laisser repousser les cheveux tels quels.
> " Il faut supporter les cheveux bicolores pendant très longtemps. Cette méthode est la plus simple mais elle demande énormément de patience, de rigueur et surtout, de soins, de coupes régulières... (...) si vous êtes plus claire en racine, le résultat est bien moins sympathique surtout si il y a beaucoup d'écart entre votre couleur et votre teinte naturelle..." OK Super ! J'abandonne l'idée. Si c'est pour ne pas me supporter pendant des mois, au secours, quoi ! La coupe de Sophie Fontanelle, je trouve ça très bien, mais chez les autres ! 
3 - la solution radicale : tout couper !

> euh... Alors bon, je veux bien, hein, Nathalie Portman et Keira Knightley sont tout à fait ravissantes avec le crâne rasé et les cheveux ultra courts. Mais si tu ne comprends pas pourquoi je ne le sens pas de tenter la même chose qu'elle, c'est que tu estimes que j'ai beaucoup de points communs avec ces deux femmes ravissantes, que je te proclame ma nouvelle meilleure amie pour la vie, mais que quand même, faut pas pousser...
4 - utiliser des soins repigmantants en racine
> Oui, mais non. Parce que ça coûte une blinde, que ça reste des produits pas super top moumoute, et que la différence avec mes cheveux colorés se verra quand même de toute façon. Donc, non.
5 - faire dégorger sa couleur
> Ah, la solution miracle : un décapant qui enlève les colorations ! Hélas c'est impossible sur les colorations chimiques, et même sur des colorations naturelles/végétales quand elles sont trop nombreuses. Comme j'ai carrément "charbonné" mes cheveux (terme de coiffeur pour dire que l'addition des couleurs a fini par donner à mes cheveux une couleur noir corbeau irrécupérable), c'est foutu...
6 - ah non, y'a pas de 6.

Je commence par aller chez une coiffeuse, je me dis qu'elle sera de bon conseil. Erreur fatale. A voir sa moue quand je lui parle de mon envie de cheveux au naturel, il est évident que pour elle des cheveux blancs à mon âge, c'est au mieux une faute de goût et au pire une hérésie qui risque, en plus, d’entacher son bénéfice. J'insiste. J'aurais mieux fait de faire demi-tour, mais bon... Après concertation avec toute son équipe qui s’agglutine autour de moi et me manipule "la masse capillaire" (je te jure, elles parlent comme ça en vrai !) avec diverses expressions pas très rassurantes, elle finit par me proposer un protocole de malade à base de mèches successives pour éclaircir progressivement ma chevelure jusqu'à ce que les mèches blondes se fondent avec les racines blanches. Hm, je ne suis pas emballée, mais apparemment c'est la seule et unique possibilité pour éviter l'étape bicolore. Et pour l'instant, j'imagine encore pouvoir y échapper. Décoloration "soft"(mais qui pique les yeux) "patine" colorante pour fondre la couleur, mèches : je ressort de là près de 3h plus tard (!!!) , le portefeuille léger (argh...) et.. Une drôle de tête. Déçue déçue je suis. J'en viens même à me demander si me raser la tête ne serait pas LA solution. C'est dire.

Première étape, je décide de casser la coloration moche de la coiffeuse en requinquant mes cheveux agressé par tout ce tintouin : je me fais plusieurs masques au lait de coco dans la quinzaine, l'effet éclaircissant n'est pas flagrant, mais ce qui est sûr c'est que ça leur fait un bien fou, et en plus il parait que ça stimule la pousse...
Encore une fois, c'est sur le blog "les cheveux de Mini" que je trouve l'info et toutes les explications (cette fille est d'une précision et d'un détail dans chacun de ses articles qui force l'admiration, elle est assez épatante, et en plus, à elle, les cheveux rasés vont vraiment bien). Bon, je m'en suis mis partout, et je me suis encore une fois retrouvée les cheveux sous une serviette pendant 3h (à jouer en ligne essentiellement : ma Zamie aux cheveux violets ne saura jamais tout ce qu'elle doit à mes expériences capillaires...), mais cette fois ci, c'est pour la bonne cause ! 




Bref, nous sommes début mai, et c'est décidé, je ne touche plus à la couleur de mes cheveux jusqu'à ce qu'ils soient enfin blancs !
Je sais que ça ne va pas être facile, que je n'échapperai pas à l'étape bicolore, et que je ne vais pas aimer ma tête pendant un bon moment. Mais je me dis aussi que la période la plus douloureuse tombera pendant l'été, et que je pourrais toujours cacher ma tête sous un chapeau ou une casquette... 



Au final, il m'aura fallu 4 mois pour passer de l'étape "cheveux charbonneux tout pourris et bruns-noirs" à celle "silver-power je kiffe ma couleur", c'est pas si mal !

La suite en mode roman-photo, youhou, trop la fête...



Même pas deux semaines après la prise de décision fatidique, j'ai déjà des racines blanches apparentes. J'arrive encore facilement à les cacher dans la tignasse par un subtil effet coiffé-décoiffé, qui consiste à me frictionner méchamment la tête pour que mes cheveux en bataille ne laissent pas filtrer le soleil jusqu'au cuir chevelu, donc pif paf pouf, on ne voit pas les racines. Easy ! 
(Et tu les vois les vilaines mèches plus claire, là ? Punaise, j'ai un côté blonde... J'assume pas du tout !)





Début juin. Je suis repassée chez le coiffeur (un autre !) et, joie, je suis tombée sur une chouette équipe qui trouve mon projet super (super courageux, super bizarre et super masochiste, aussi) et qui me donne des tas de bons conseils. Une jolie coupe plutôt courte par là dessus et zou, je sens le moral revenir. 
Les racines sont bien là, je ne peux plus les cacher, j'en suis à l'étape où, normalement, j'aurais déjà refait une couleur depuis belle lurette. Ça commence à se voir... Je continue à me coiffer de manière à ce que ça passe le mieux possible, c'est encore gérable grâce à la jolie coupe, mais ça va pas durer.
Je constate quand même avec plaisir que mes cheveux poussent vite, et que je n'aurais peut-être pas à attendre Noël pour rejoindre les rangs des "givrées"!






En quinze jours de temps, j'ai l'impression que mes cheveux ont poussé de 2cm... Je suis partagée entre la joie de les voir pousser si vite, et le sentiment de catastrophe à chaque fois que je croise mon reflet dans le miroir. ARGH ! Ces racines, OMG ! Là, c'est clair, je vois clairement le regard des gens se porter sur mes cheveux et je les entends alors penser très fort "oh ben dis donc, elle est négligée la p'tite dame, l'a pas fait sa colo depuis un moment !" Les vacances où je pourrai me planquer sous un bob Ricard sont encore loin... Je ronge mon frein.
Les petits plaisirs qui me font tenir : une amie qui me dit "mais il est magnifique ton blanc là, ça va être canon quand tu seras silver !", une patiente qui rougit de plaisir quand je lui dit que, si j'arrête les couleurs, c'est parce que je veux lui ressembler (elle a des cheveux blancs magnifiques !), une dame qui m'arrête dans la rue pour me demander si je vais garder mes cheveux blancs, parce que "elles sont belles vos racines, des cheveux comme ça, à votre âge, gardez les !" :)





J'ai refait un passage chez le coiffeur début juillet pour entretenir ma coupe. Non parce que bon, déjà que les racines, ça fait pas top, alors si en plus ça repousse n'importe comment...
Bon, là, c'est officiel : vu la longueur de blanc, il est évident que je n'ai pas oublié de faire une couleur, mais que c'est volontaire. Les langues autour de moi se délient, des personnes avec qui je n'avais jamais échangé plus de quelques mots se mettent à discuter coiffure, génétique et couleur, c'est rigolo.
Deux mois et demi après le démarrage du "silver-project", c'est plus que bien parti. Je tiens bon. La déception de la bicolorité difficile a cédé la place à l'impatience. Plus que quelques semaines... Je me rends compte que finalement, pour la rentrée de septembre, à ce train là, ce sera fait : je serai revenue à ma vraie couleur ! 





Fin juillet, premier jour de vacances : je retourne chez le coiffeur. La chouette équipe ne tarit pas d'éloge sur ma pousse rapide et sur la couleur de mes cheveux.
- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- On coupe au max sur les côté et derrière, et on laisse un peu de longueur au dessus pour que je n'ai pas l'impression d'avoir une coupe militaire !
- Sûre ?
- Sûre !

La coiffeuse me laisse quand même une mini mèche sur le côté, histoire de rigoler. Quand je l'approche de mes cheveux tout courts sur les côtés, je mesure le chemin parcouru. Oh my god...
Derrière et sur les tempes, mes cheveux sont enfin gris-blancs, pas de manière parfaitement uniforme, mais il n'y a plus une trace de cheveux châtain. Je suis ravie, même si le reste de cheveux colorés sur le haut de ma tête me fait une tronche bizarre... Mes vacances démarrent aujourd'hui, j'ai 4 semaines devant moi, et maintenant j'en suis sûre : pour la rentrée, ce sera fait ! 





Nous sommes début septembre. Je n'ai qu'un mot : YEAAAAH !!!
L'été a été dur et mouvementé, mais au moins, je n'ai pas eu le temps de m’apitoyer sur ma drôle de tête...
Peu de temps après la rentrée je trouve enfin le temps d'aller chez le coiffeur.
Ma demande est simple : on enlève toute la couleur qui reste !
Oui, ce sera court, mais les dernières semaines m'ont rassuré sur la compatibilité de ma tronche avec une coupe courte, et j'ai de toute façon suffisamment de longueur maintenant pour avoir une jolie coiffure toute argentée. 

Sur ma blouse noire, je chasse d'un revers de la main les fils blancs. On dirait qu'un chaton m'a fait un gros câlin. Mais non, ce sont mes cheveux... Et quand la coiffeuse a passé les ciseaux pour désépaissir ma tignasse, on aurait dit une mini tempête de neige autour de ma tête ! 





Ça y est. Je suis passée du côté silver de la force. 
J'ai l'impression d'avoir changé de visage tout autant que de couleur de cheveux. Avec ce halo clair, je n'ai plus du tout la même tête.
Curieusement, malgré les cheveux courts et la couleur "gris acier" (dixit la coiffeuse), ça fait plus doux.
Je suis devenue moi. 
Et franchement, on n'a pas si souvent l'occasion de penser à Nietzsche, et à Goethe en sortant de chez le coiffeur, si ? 

7 commentaires:

  1. Très joli article. Tu es magnifique, et il est bien vrai que le gris adoucit.

    Les coiffeurs sont curieux : tant que j'avais mes cheveux noirs ils me proposaient une couleur. Depuis que les cheveux gris commencent à se voir, ils ne me proposent plus rien !

    Ton chemin parcouru n'a pas été facile, surtout en juin, juillet ! Mais tes cheveux poussent vraiment vite.
    Mais dis-moi, est-ce que le nouveau défi va être de te laisser à nouveau pousser les cheveux ?

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    1. Je vais voir, là c'est très court, ça me plait bien mais je vais avoir froid cet hiver ! Un peu plus long, oui, peut-être, à voir... J'aimerais bien retrouver ma coupe asymétrique. Plus long, j'ai peur que ça ne rende pas bien avec les cheveux blancs. Mais ça n'est plus vraiment un défi, là, juste une belle façon de profiter de ma nouvelle tignasse ! ^^

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  2. Tu es magnifique avec les cheveux courts (mais de toutes façons j'adore les coupes courtes et les cheveux blancs) et franchement moi j'ai pas l'impression d'avoir beaucoup plus froid avec les cheveux courts (mais de toutes façons j'ai tout le temps froid en hiver !)

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  4. Bonjour, pour faire simple, j'ai déjà les cheveux très courts et je trouve que cette coupe et cette couleur vous va très bien!! J'ai envie de m'autoriser ce que je trouve beau chez les autres ! Mais c'est assez radical. J'ai la même histoire que vous mais avec les cheveux très courts, en 6 semaines, 2 coupes, je suis blanche 😅. A quel âge avez vous franchi cette étape ?
    Et maintenant, vous êtes comment ? Toujours coupe courte? Merci à vous!!!

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    1. J'ai passé le cap à 39 ans, à temps pour fêter mon 40ème anniversaire avec mes vrais cheveux ! Aujourd'hui à 46 ans j'ai toujours les cheveux blancs, de plus en plus banc et de moins en moins gris, toujours avec une coupe courte qui s'oriente doucement vers une coupe mi-longue, toujours aussi contente de mes cheveux dont on me fait régulièrement des compliments. :)

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  5. Merci beaucoup ! Je pensais attendre mes 50 ans et ce sera à 45....le processus est enclenché j'en ai parlé aux collègues, ma famille, mes amis... depuis le temps que ça me trotte dans la tête, plus envie de reculer. Je crois que je me sens prête et lire des témoignages comme le vôtre me conforte dans mon idée. Je vais commencer très vite, très fort, très blanche😅.

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